Je vous parle depuis quelque temps du maternage proximal, qui est une vision de la parentalité axée sur la proximité physique entre le parent et son enfant, en particulier pendant les premières années de vie de celui-ci, dans le but de développer des liens affectifs forts avec lui. Cela passe par une réponse rapide et adaptée à ses besoins physiques et psychiques (notamment son besoin de sécurité affective). Vous trouverez la définition complète du maternage proximal dans cet article. L’esprit qui se cache derrière le maternage proximal est la volonté de créer un lien d’attachement fort avec l’enfant, qui soit sécure. On considère dans cette approche que plus le bébé aura une base de sécurité affective solide, plus il sera attaché à ses parents ou ses figures d’attachement, et mieux il pourra s’en détacher ensuite. Les neurosciences affectives et sociales ont démontré les bienfaits du maternage proximal. Mais du coup, en tant que jeune parent, on peut parfois se sentir perdu et se demander quoi faire pour se conformer au maternage proximal. Car en effet, notre société n’a pas permis la transmission complète de ces pratiques, en mettant ces dernières années en avant le maternage distal. Alors, quelles sont les pratiques incluses dans le maternage proximal ? Dans cet article, je vous propose une liste non exhaustive de quelques pratiques qui sont communément admises comme relevant du maternage proximal.
Le peau à peau
Le peau à peau : (ou méthode kangourou) c’est le fait de prendre son bébé contre soi, de le placer généralement sur sa poitrine directement en contact peau nue contre peau nue (vous pouvez le laisser en couche si vous craignez un petit accident). Ce contact physique favorise une proximité chaleureuse et sécurisante, permettant de rassurer bébé, de réguler sa température, de stabiliser sa respiration et son rythme cardiaque, et de favoriser l’allaitement maternel.
Le peau à peau permet de sécréter un maximum d’ocytocine, et va donc renforcer le lien d’attachement. Souvent pratiqué à la naissance, on ne pense pas toujours à le faire après. Or, il n’y a pas de date de péremption pour le peau à peau ! Vous pouvez en faire régulièrement avec votre bébé ses premières semaines ou mois de vie, et en profiter au maximum ! (Il existe même des bandeaux ou tee-shirts spécifiques pour le faciliter).
La rencontre immédiate avec la mère après la naissance
Pour moi c’est très important d’accueillir correctement son bébé dans ce monde, pour éviter tout traumatisme mais surtout tout entrave à la mise en place de la relation d’attachement. Et cela se passe dès les tous premiers instants de vie, dès la salle de naissance en fait ! Ainsi, je place dans les pratiques de maternage proximal la volonté d’absence de gestes invasifs et non nécessaires sur le nouveau-né après sa naissance, et surtout la rencontre immédiate avec la mère après l’accouchement, ceci afin de ne pas entraver la mise en place du lien d’attachement dès les premiers instants de vie du bébé.
S’il n’y a pas d’urgence médicale ou un besoin de réanimation, alors il n’est pas nécessaire de séparer le bébé de sa mère, même pour quelques minutes. Nombreux sont les soins à pouvoir être différés de quelques heures en salle de naissance, voire à pouvoir attendre le lendemain (comme par exemple peser, nettoyer et habiller bébé immédiatement).
Il est important de laisser la mère et son bébé se rencontrer, et pouvoir faire du peau à peau dès les premières minutes de vie, et sécréter les bonnes hormones comme l’ocytocine. Idem, lors des premières nuits après l’accouchement, placer les bébés en pouponnière pour que maman puisse se reposer, ce n’est franchement pas la meilleure idée. Déjà c’est clairement difficile voire impossible de se reposer en maternité avec le bruit et tous les va et vient. Mais surtout, cela insécurise le bébé, et cela peut gêner la mise en place de l’allaitement si c’était un souhait, et entrave la sécrétion des hormones permettant l’attachement.
L’allaitement maternel
L’allaitement maternel contribue à promouvoir la santé physique et émotionnelle du nourrisson, tout en créant une connexion et une proximité entre la mère et son enfant. C’est pourquoi c’est une pratique fondamentale du maternage proximal. En effet, le lait maternel est spécialement adapté aux besoins nutritionnels du nourrisson, fournissant les nutriments essentiels et renforçant le système immunitaire du bébé.
Mais l’allaitement maternel ne se limite pas à cela : il offre une proximité physique constante entre la mère et son bébé, favorisant ainsi un lien d’attachement profond. Lors de l’allaitement, la mère répond rapidement et directement aux besoins nutritionnels de son enfant, mais aussi à ses besoins émotionnels. Ce lien intime et chaleureux établi pendant l’allaitement aide à renforcer la confiance mutuelle et offre à l’enfant une base affective solide.
L’allaitement non écourté d’un bambin
Je marque une différence volontaire ici, bien que ce soit le prolongement, car cela peut parfois surprendre de poursuivre l’allaitement au-delà d’un nourrisson de quelques mois. L’allaitement non écourté d’un bambin, également parfois appelé allaitement maternel prolongé, est une pratique qui va au-delà de l’âge habituel de sevrage que l’on retrouve dans certaines sociétés occidentales, et notamment en France (pays qui a un des taux d’allaitement les plus bas en Europe). En effet, en France, à 2 mois, le taux d’allaitement exclusif n’est que de 34 %, et après 6 mois, il tombe en dessous des 20 %, et après 1 an c’est carrément dérisoire.
Or, comme on vient juste de le voir, l’allaitement maternel permet de répondre aux besoins émotionnels et nutritifs de l’enfant, en lui offrant une source continue de réconfort et de sécurité, et en renforçant le lien d’attachement. Poursuivre l’allaitement sur plusieurs années permet donc à l’enfant (et à la mère) de continuer à en percevoir les nombreux bienfaits, avec un lait toujours adapté, puisque le lait maternel change de composition et s’adapte au fur et à mesure que l’enfant grandit. L’allaitement prolongé encourage également l’autonomie progressive de l’enfant, en lui permettant de se sevrer naturellement lorsqu’il se sent prêt.
Toutefois, j’ai parfaitement conscience que l’allaitement non écourté est encore très minoritaire en France, et que passé la 1ère année de l’enfant, il souffre même parfois d’une certaine désapprobation, liée essentiellement à une méconnaissance de ses bienfaits (pour la mère et l’enfant) et à un conditionnement culturel qu’il est parfois difficile de dépasser.
Je sais également qu’en France l’allaitement manque cruellement de soutien et de professionnels suffisamment formés pour l’accompagner. Ainsi de nombreux allaitements vont parfois prendre fin précocement, alors même que ce n’était pas le choix initial des parents. Il y a encore un vrai travail à faire du côté de nos institutions sur ces sujets.
Le cododo ou sommeil partagé
Le cododo ou sommeil partagé est le fait de dormir proche de son enfant ou avec lui, que ce soit juste dans la même chambre ou carrément dans le même lit. En choisissant de dormir dans la même pièce ou même dans le même lit (dans des conditions sécuritaires), les parents peuvent répondre rapidement aux besoins de leur enfant, assurant ainsi une proximité constante. Il n’y a souvent qu’à tendre la main pour toucher et rassurer son bébé, qui sent la présence de ses parents.
Cette pratique permet une surveillance attentive du nourrisson, facilitant la réponse immédiate aux signaux de détresse ou de besoin de confort ou de réassurance. Le cododo est une pratique de maternage proximal qui permet aux parents d’établir une intimité physique et émotionnelle avec leur bébé.
Attention toutefois si vous pratiquez le cododo dans le lit parental, il y a des règles de sécurité importantes à garder en tête et à respecter, pour éviter tout risque pour votre enfant. J’y reviendrai dans un prochain article.
Ne pas laisser pleurer son bébé
Parmi les pratiques incluses dans le maternage proximal, il y a le fait de ne pas laisser pleurer son bébé. Comme je l’ai déjà évoqué, la philosophie du maternage proximal c’est de répondre de manière rapide et adaptée aux besoins de son bébé, en établissant une sécurité affective. Cela passe par une réponse rapide aux pleurs du bébé ou de l’enfant (pour tenter de répondre au besoin exprimé) et de ne jamais le laisser pleurer. On parle ici de le laisser pleurer seul, sans réconfort.
C’est important de le préciser, car il ne faut pas craindre d’entendre son bébé pleurer, ou de ne pas réussir à le soulager. Un bébé qui pleure appelle son parent pour exprimer un besoin ou une émotion. C’est important de le laisser s’exprimer, et de ne pas tenter de le faire taire à tout prix, mais plutôt de chercher à entendre et comprendre son besoin. De ce fait, on va accompagner les pleurs de son bébé. Par notre présence, notre voix, et nos différentes actions pour répondre à son besoin. Le fait de répondre rapidement aux pleurs de son bébé ou d’accompagner ses pleurs est essentiel pour sa sécurité affective.
Le fait de laisser pleurer seul un bébé peut causer une détresse émotionnelle excessive, provoquant un stress chronique avec la sécrétion d’un taux de cortisol (hormone du stress) trop élevé et de manière trop prolongée, qui aura une action toxique sur le cerveau et son développement. Cela provoque une dysrégulation émotionnelle. Le cerveau immature du bébé ne peut pas encore réguler ses émotions de manière autonome, et le réconfort et la proximité offerts par les parents l’aident à se calmer et à retrouver un état d’équilibre émotionnel.
Le portage
Le portage, c’est le fait de porter son bébé contre soi, que ce soit en écharpe, en porte-bébé ou à bras. C’est une pratique de maternage proximal qui offre un contact physique étroit entre les parents et leur bébé.
En utilisant un porte-bébé ou une écharpe de portage, le bébé est maintenu tout contre le corps du parent, permettant une proximité constante et une interaction directe. C’est un excellent moyen pour apaiser, rassurer ou soulager son bébé, tout en gardant les mains libres pour vaquer à d’autres occupations en journée.
Il n’est pas nécessaire de toujours utiliser un moyen de portage (même si ça peut parfois être plus pratique, surtout sur une période prolongée). Le simple fait de prendre régulièrement son enfant dans les bras et de le câliner permet ce contact physique rapproché, ce toucher, et donc de le rassurer.
Le contact physique rapproché offert par le portage favorise l’établissement d’un lien d’attachement profond et contribue à l’épanouissement émotionnel et relationnel de l’enfant, après avoir répondu à son besoin de proximité, de sécurité et de réassurance.
Le massage bébé
Parmi les pratiques incluses dans le maternage proximal, il y a également le massage bébé. C’est une pratique ancestrale qui consiste à masser son bébé (avec ou sans huile) pour le détendre et le stimuler, ou le soulager de certains maux. Grâce au toucher occasionné par le massage, le parent et son bébé sont en contact peau à peau, et vont pouvoir tout deux sécréter de l’ocytocine, hormone du bien-être et de l’attachement.
Les temps de massage permettent une proximité physique et émotionnelle entre le parent et son bébé. Cela permet également une réponse immédiate au besoin de réassurance, et au besoin de contact, ce qui est clairement l’esprit du maternage proximal. Le massage bébé est donc un formidable outil de maternage proximal.
L’interaction et la communication avec son bébé sont des éléments clés pour créer et renforcer le lien d’attachement avec lui. Or, lors des séances de massage bébé, il va y avoir tout un langage du toucher, mais aussi un contact visuel et des échanges de regard, vous allez également pouvoir lui parler avec des mots doux et des sourires. Vous allez pouvoir instaurer une véritable complicité avec votre bébé lors de ces temps de partage et de détente. Le massage bébé est donc un outil merveilleux pour créer un lien d’attachement fort et durable avec son bébé.
Vous trouverez énormément d’informations sur le massage bébé sur mon site (catégorie Massage bébé) ou sur mes réseaux, et vous pouvez par exemple lire cet article sur les bienfaits du massage bébé.
L’hygiène naturelle infantile (HNI)
L’hygiène naturelle infantile est une pratique qui consiste à répondre immédiatement aux besoins d’élimination de l’enfant, souvent sans utiliser de couches, mais pas nécessairement. En anglais, on appelle cette pratique “elimination communication”, ce qui permet de mieux comprendre la communication renforcée qui s’établit entre le parent et son enfant.
Par la proximité physique que permet le maternage, le parent va être à l’affût des signaux et besoins d’élimination de son bébé, et va pouvoir lui proposer de faire ses besoins dans un lieu adapté, sans qu’il ne soit souillé. L’hygiène naturelle infantile vise à établir une communication étroite entre les parents et leur enfant dès les premiers mois de sa vie.
En pratiquant l’HNI, les parents apprennent à reconnaître les signaux et les besoins d’élimination de leur bébé, ce qui favorise une communication plus profonde et intuitive, car le bébé et l’enfant apprennent très vite à signaler ses besoins d’élimination et à avertir son parent. Contrairement à certaines idées reçues, il n’y a aucun forçage ! Il ne s’agit surtout pas de mettre précocement un bébé sur le pot. En pratiquant l’hygiène naturelle infantile, les parents développent une relation basée sur l’écoute attentive et la compréhension mutuelle.
La DME ou diversification autonome
La DME (diversification menée par l’enfant) encore appelée diversification autonome, est une approche de la diversification alimentaire qui consiste à laisser le bébé explorer et choisir ses propres aliments solides (présentés devant lui), en lui permettant de saisir les aliments et de les porter à sa bouche par lui-même, favorisant ainsi son autonomie et le développement de ses compétences de motricité fine pour s’alimenter. Au lieu d’être nourri exclusivement à la cuillère par les parents, le bébé est encouragé à saisir les aliments et à les porter à sa bouche par lui-même. Cela lui donne la possibilité de décider de la quantité qu’il souhaite manger et de choisir les aliments qui l’intéressent, ce qui favorise son autonomie et le développement de ses compétences de régulation alimentaire et notamment de son sentiment de satiété.
Les premiers temps, cela passe surtout par la découverte des aliments : couleurs, textures, odeurs, goût. Il y aura plus ou moins beaucoup de patouille, et peu d’ingestion. La DME encourage l’exploration sensorielle, et le lâcher prise des parents ! Au fur et à mesure, à son propre rythme, bébé va de plus en plus avaler les aliments, et entamer sa diversification. Les parents jouent un rôle de facilitateurs, en offrant des aliments appropriés et adaptés à ses capacités motrices (aliments mous, coupés en bâtonnets, d’une taille adaptée, puis de plus en plus petits par exemple), mais en laissant le bébé décider de la manière et du rythme de son alimentation.
La communication gestuelle via la langue des signes
La communication gestuelle via la langue des signes est une approche qui favorise une meilleure communication entre les parents et leur enfant, même avant que ce dernier ne soit capable de parler. En utilisant des signes simples et gestes de la langue des signes sur des mots courants (manger, dormir, téter, encore, bain, fini, changer la couche, ainsi que les signes des émotions tels que peur, content, colère, etc.), les parents peuvent établir une communication claire et significative avec leur enfant.
Cela va permettre à l’enfant de se faire comprendre, avant même d’avoir l’usage de la parole, et ainsi lui enlever énormément de frustration liée à l’incompréhension ou aux quiproquos. Avec la communication gestuelle associée à la parole, les parents facilitent pour leur enfant la possibilité de s’exprimer, et favorisent une communication fluide entre eux. Cela renforce également la confiance et le sentiment de sécurité chez l’enfant, en lui permettant de se sentir compris et écouté.
Il n’y a aucune crainte à avoir, cela ne retarde pas l’acquisition du langage, au contraire ! Le signe est toujours associé à la parole, l’enfant entend donc les mots et les enregistre. C’est aussi un formidable moyen de rendre notre société plus inclusive, envers les personnes sourdes et malentendantes, puisque les signes utilisés sont issus de la langue des signes officielle. Pour plus d’informations ou pour apprendre la communication gestuelle, vous pouvez suivre les comptes Instagram de Marie Littlebunbao et Lyla Lyla_signes, très complets sur le sujet et que j’aime beaucoup. Elles ont chacune publié un livre pour apprendre les signes pour bébé.
La motricité libre
Parmi les pratiques incluses dans le maternage proximal, on ajoute souvent la motricité libre. Qu’est-ce donc ? La motricité libre est une approche qui reconnaît l’importance de permettre au bébé d’explorer et de développer ses compétences motrices de manière autonome, sans restriction ni contrainte. Plutôt que d’être constamment tenu ou placé dans des positions spécifiques, le bébé est encouragé à se déplacer et à explorer son environnement, tout en respectant son rythme et ses besoins individuels. Cela lui donne la possibilité de développer sa confiance en ses capacités motrices et de découvrir ses propres limites, sous la surveillance et le regard bienveillant de ses parents à proximité.
La motricité libre répond au besoin d’autonomie du bébé en lui offrant la liberté de mouvement et en favorisant son exploration indépendante. En permettant au bébé de se déplacer et de développer ses compétences motrices à son propre rythme, sans restriction ni contrainte, il acquiert confiance en lui et découvre ses propres limites. Cette approche favorise le développement de sa coordination, de sa force musculaire et de son équilibre de manière naturelle. De plus, la motricité libre encourage le sens de la découverte, la curiosité et l’autonomie du bébé, lui permettant d’interagir avec son environnement de manière active.
Le jeu libre
Le jeu libre est également parfois cité parmi les pratiques incluses dans le maternage proximal. Le jeu libre c’est le fait de laisser son enfant jouer ou faire des activités en ayant recours à son imaginaire et sa créativité, en lui permettant de jouer sans contraintes ni directives spécifiques. Le jeu libre permet au bébé de développer ses compétences motrices et sensorielles de manière naturelle. En explorant librement son environnement, en manipulant les objets et en interagissant avec son propre corps, il affine sa coordination motrice, sa force musculaire et son équilibre.
Le jeu libre encourage le développement de la pensée créative et de l’imagination chez l’enfant. En jouant librement, il peut créer ses propres scénarios, inventer des histoires et explorer différentes perspectives. Cela stimule son développement cognitif et émotionnel, en lui permettant d’exprimer ses idées, ses émotions et ses besoins de manière autonome.
En pratiquant le jeu libre, les parents sont des observateurs attentifs plutôt que des participants directs. Ils offrent un environnement sûr et stimulant, mais laissent l’enfant guider le jeu selon ses intérêts et ses motivations. Cette approche favorise donc son autonomie.
Cela peut passer par des choses très simples que beaucoup pratiquent déjà, telles que laisser une feuille blanche pour dessiner plutôt que de donner un coloriage, laisser l’enfant inventer ses propres règles d’un jeu plutôt que de suivre une consigne imposée, laisser monter le toboggan à l’envers, ou encore détourner un jeu de sa destination initiale pour l’intégrer dans un ensemble imaginaire et créatif plus vaste.
L’idée n’est pas de condamner les jeux avec consignes ou règles, ou de bannir les coloriages, mais juste de trouver le savant dosage qui permettra de ne pas tuer la créativité de l’enfant, ou de toujours le freiner dans son imagination pour sans cesse lui imposer des consignes de jeu.
Rester avec son enfant, ne pas le mettre à garder
C’est assez logique, plus on reste avec son enfant sans le confier à d’autres, et plus on va avoir une proximité physique et émotionnelle avec lui. Plus on passe du temps avec son enfant (notamment de qualité), et plus il sera également facile de créer des liens affectifs et une connexion émotionnelle avec lui, et de renforcer le lien d’attachement. C’est pourquoi je le cite parmi les pratiques incluses dans le maternage proximal.
Dans nos sociétés occidentales, ce n’est pas toujours possible de rester avec son enfant, notamment en raison d’un retour précoce au travail et de congés maternité et paternité extrêmement courts. En France, la moyenne est de reprendre le chemin de la vie active autour des 2,5 ou 3 mois de son bébé. C’est très tôt, et cela peut parfois être vécu comme un déchirement, notamment quand le congé parental n’est pas envisageable pour des questions financières.
Attention, pour certaines personnes, ce sera aussi salvateur pour retrouver une vie sociale et confier son bébé. Car s’occuper d’un enfant peut être parfois difficile psychologiquement, et le manque de soutien et de relais peut mettre à mal notre santé mentale. Il n’y a aucune culpabilité à avoir à ce niveau, on fait tous comme on peut, et on gère avec nos contraintes personnelles et notre environnement. Personnellement, pour ma fille ainée j’ai repris le travail à ses 10 mois, après avoir tiré au maximum de ce que je pouvais, mais financièrement c’était impossible de faire plus. Pour ma cadette, j’ai pu réussir à rester avec elle jusqu’à ses 21 mois. Je mesure ma chance.
L’écoute active
L’écoute active implique de se concentrer sur ce que l’enfant dit et de répondre de manière attentive et réfléchie à ce qu’il exprime, en se positionnant de manière empathique (on réfléchit en se mettant à sa place). Si elle est placée dans les pratiques relevant du maternage proximal, c’est parce qu’elle se place dans la continuité de la mise en place d’un lien d’attachement et d’une relation solide avec son enfant, en favorisant une réponse aux besoins de l’enfant grâce à une écoute attentive et une pleine présence.
L’écoute active est une compétence précieuse qui favorise une meilleure communication avec son enfant. Elle implique de prêter une attention totale à ce que l’enfant exprime verbalement ou non verbalement, tout en faisant preuve d’empathie et de compréhension.
En pratiquant l’écoute active, les parents montrent à leur enfant qu’ils sont disponibles et réceptifs à ses besoins, émotions et préoccupations. Cela crée un environnement de confiance et de sécurité où l’enfant se sent entendu et compris. L’écoute active permet également aux parents de percevoir les messages non verbaux de l’enfant, tels que les expressions faciales, les gestes ou les changements d’humeur, ce qui contribue à une communication plus complète et authentique.
L’écoute active encourage également l’enfant à s’exprimer librement et ouvertement. En écoutant attentivement sans interrompre ni juger, les parents offrent à leur enfant un espace pour partager ses pensées, ses inquiétudes et ses expériences. Cela renforce la confiance entre les parents et l’enfant, et favorise une communication ouverte et honnête, sans jugement. En écoutant attentivement, les parents peuvent répondre de manière appropriée et bienveillante, en prenant en compte les sentiments et les perspectives de l’enfant. Cela favorise une communication efficace et une résolution de problèmes constructive.
La parentalité positive ou bienveillante
Là aussi, vous vous demandez peut-être quel est le lien, car ce n’est pas du maternage proximal à proprement parler, et vous avez raison ! Mais j’ai choisi de l’intégrer ici, comme une pratique permettant de renforcer la communication avec son enfant et de répondre à ses besoins, dès les premiers moments de vie, en respectant les stades de développement de son enfant. Bien souvent, les parents ayant adopté la philosophie du maternage proximal font le choix par la suite pour l’éducation de leurs enfants de l’approche de la parentalité positive ou bienveillante, et d’un accompagnement respectueux de l’enfant (selon le nom que vous lui donnez). La philosophie et l’esprit de ces deux approches parentales se rejoignent, se complètent, voire fusionnent complètement.
La parentalité positive et bienveillante favorise une meilleure communication avec son enfant. En adoptant cette approche, les parents privilégient une relation basée sur le respect, l’empathie, l’encouragement, et la valorisation. Ils sont attentifs au respect des différentes étapes de développement cognitif et psychoaffectif de leur enfant, et ne vont pas attendre de lui quelque chose dont il est incapable en raison de son immaturité cérébrale.
La parentalité positive et bienveillante met l’accent sur une communication ouverte et constructive. Les parents sont encouragés à exprimer leurs attentes et leurs limites de manière claire et respectueuse, tout en écoutant activement les besoins et les sentiments de leur enfant. Cela permet d’établir un dialogue ouvert où les deux parties se sentent entendues et comprises. Cette approche parentale encourage également l’utilisation de techniques de communication non violente, telles que l’utilisation d’un langage positif, la résolution de conflits de manière pacifique et la recherche de solutions conjointes. Elle vise à créer un climat familial où l’enfant se sent en sécurité pour exprimer ses émotions et opinions, sans crainte de jugement ou de réprimandes ou de punitions.
En pratiquant la parentalité positive et bienveillante, les parents favorisent un lien d’attachement sécurisant avec leur enfant. En étant attentifs à leurs besoins émotionnels et en offrant un soutien chaleureux et respectueux, ils créent un environnement où l’enfant se sent écouté, compris et aimé. Cela favorise une communication ouverte et confiante, renforçant ainsi la relation parent-enfant.
Voilà pour ce petit topo concernant les différentes pratiques incluses dans le maternage proximal. Comme je vous l’indiquais plus haut, c’est une liste non exhaustive, et les catégories que je dresse ne sont ni étanches ni académiques. En résumé, il est essentiel de garder à l’esprit que le maternage proximal est bien plus qu’une série de pratiques listées : c’est une vision globale de la parentalité et un état d’esprit, qui gravite autour de la construction d’un lien d’attachement solide et sécure avec son enfant, et qui permet de répondre à de nombreux besoins essentiels de celui-ci (notamment le besoin de sécurité affective, qui est l’un des principaux).
Par ailleurs, j’ai conscience que cette longue liste des pratiques incluses dans le maternage proximal peut faire peur. Surtout pour de jeunes parents qui ne seraient pas du tout familiers avec ces pratiques, car ils n’ont pas eu cet héritage culturel, ni cette transmission familiale ou sociétale. Comme je vous l’indiquais dans cet article qui reprend la définition du maternage proximal : attention à la course à la performance ! Je le répète, il n’y a pas de case à cocher pour être un bon parent.
Personnellement, je suis une adepte du maternage proximal, mais je n’ai pas non plus tout pratiqué avec mes enfants, loin de là. Il faut aussi se laisser le temps de cheminer, d’apprendre et de grandir en tant que parent. Et ne pas se mettre la pression non plus. Il faut piocher parmi ce qui vous parle, ce qui correspond à votre vision, et aussi à ce qui répond à vos possibilités du moment. En tant qu’accompagnante périnatale, je suis très attentive aux discours assénés aux jeunes parents, qui parfois pourraient faire plus de mal que de bien, surtout dans la période fragile du postpartum. Transmettre la bonne information est essentielle, tout en accompagnant et en étant attentif à comment elle sera reçue. C’est un peu mon leitmotiv.
N’hésitez pas à me partager en commentaire ce que vous avez pensé de cet article, s’il vous a éclairé, et si vous avez appris des choses. Et surtout, partagez-moi celles que vous avez expérimentées avec votre bébé, car votre expérience est précieuse et enrichissante pour nous tous !