Maternage proximal et course à la performance : mise en garde

Bébé câliné par sa maman qui l'accompagne au sommeil.

Maternage proximal et course à la performance, pourquoi cette mise en garde ? En tant qu’accompagnante périnatale, mon rôle est de prendre soin des familles : je prends soin des parents pour les guider dans leur rôle parental avec leur bébé ou enfant, lorsque la fatigue ou le quotidien prend le dessus et qu’ils manquent de recul. Je fais attention à leur bien-être lorsqu’ils le laissent de côté, pour qu’ils puissent retrouver des relations familiales harmonieuses et sereines. Or, il y a quelque chose que je vois régulièrement et qui revient souvent : la grande pression que se mettent les parents pour absolument TOUT faire bien. Leur point commun : vouloir le meilleur pour leurs enfants, qu’ils aiment plus que tout. Parfois, au détriment de leur santé mentale. Est-ce que c’est quelque chose qui vous parle ? Du coup, j’ai vraiment envie de revenir sur un point qui me semble crucial: la course à la performance. Surtout quand on est parent d’un tout petit bébé, et qu’après de multiples lectures on souhaite se lancer dans la voie du maternage proximal, qui nous paraît finalement naturelle ou couler de source.

Attention à la course à la performance dans le maternage proximal

Comme je vous l’indiquais dans cet article qui reprend la définition du maternage proximal : attention à la course à la performance ! Quand on découvre la liste des pratiques incluses dans le maternage proximal, cela peut être assez impressionnant. J’ai parfaitement conscience que cette longue liste peut faire peur. Surtout pour de jeunes parents qui ne seraient pas du tout familiers avec ces pratiques, souvent car ils n’ont pas eu cet héritage culturel, ni cette transmission familiale ou sociétale. Ils doivent donc apprendre sur le tas : comment positionner bébé au sein, comment nouer une écharpe de portage, quels sont les signes d’élimination de mon bébé, quels sont les recommandations ou les pratiques sécuritaires en cododo, quel taille doit faire l’aliment et comment le découper si je veux pratiquer la DME, au secours, ça donne le vertige !

En tant qu’accompagnante périnatale,  je suis très attentive aux discours assénés aux jeunes parents, qui parfois pourraient faire plus de mal que de bien, surtout dans la période fragile du postpartum. On peut informer, renseigner, tout en étant attentif aux capacités des parents et à leur bien-être mental et physique. Nous n’avons pas tous les mêmes ressources, les mêmes relais, le même environnement, le même vécu, et bien évidemment nous avons tous des bébés différents. Il ne faut donc pas chercher à mettre en pratique tout ce qui relève du maternage proximal, comme une to do list obligatoire sans quoi on ferait du mal à notre enfant ou qu’on ne répondrait pas bien à ses besoins si l’on passait à côté d’une pratique maternante. Ici je vous parle du maternage proximal, mais ça vaut pour la parentalité de manière générale.

Parents maternant leur bébé en le câlinant pour dormir.

A titre personnel, j’ai pratiqué le maternage proximal avec mes enfants, mais je n’ai pas mis en application toutes les pratiques décrites. Je n’ai pas pratiqué l’HNI avec mon ainée alors que ça me faisait envie, car cela me paraissait trop compliqué et insurmontable à mettre en place à l’époque. J’ai tenté avec ma cadette, et j’ai un peu abandonné à ses 9 mois alors que ça fonctionnait très bien jusqu’alors, parce qu’elle a commencé à bouder le pot. J’aurais pu persévérer, mais à ce moment-là je n’avais plus la disponibilité mentale nécessaire alors je me suis écoutée. Pareil, j’ai appris quelques signes en communication gestuelle, j’aurais voulu pratiquer beaucoup plus mais j’ai manqué de temps et ça n’a pas été ma priorité, que j’ai reportée sur d’autres choses. Au début j’ai été un peu frustrée, puis j’ai finalement lâché prise. Et à l’inverse, je suis allée un peu trop loin et je suis tombée dans le sacrifice avec ma fille aînée, qui avait (et a) des besoins spécifiques, dans son accompagnement au quotidien, alors qu’il aurait fallu que je me fasse épauler.

En gros, concernant le maternage proximal, il faut piocher parmi ce qui vous parle, et ce qui correspond à votre vision de la parentalité. Mais il faut aussi composer avec la réalité du terrain et de votre vie, et à ce qui correspond à vos possibilités matérielles et environnementales. On peut aussi évoluer en tant que parent, et avancer petit à petit, au fur et à mesure que l’on a plusieurs enfants, et ainsi ajouter des pratiques maternantes supplémentaires à la suite de l’arrivée des enfants suivants et qu’on n’avait pas mises en place pour notre 1er, parce que cette fois-ci on a les ressources nécessaires. Rien n’est figé !

Prenez soin de votre santé mentale

Il faut prendre soin de sa santé mentale avant tout, pour pouvoir être en capacité de prendre soin de son enfant et de répondre à ses besoins sur le long terme, sans tomber dans le burnout parental ou la dépression. (Je vous invite à écouter le super épisode du podcast La Matrescence sur ce sujet, qui est hyper éclairant !). Oui, cela paraît peut-être excessif dit comme ça. On se demande comment faisaient les parents d’avant, qui s’en sortaient très bien. Je suis d’accord. Pourtant, force est de constater que la dépression et le burnout parental gagnent du terrain et sont des maux de plus en plus présents. Notre société a changé, et les parents sont assaillis d’injonctions de toute part. Il faut être performant au travail, être actives pour les femmes et reprendre leur emploi après un congé maternité très court, les individus sont de plus en plus isolés et les familles de plus en plus éclatées, il devient parfois difficile de faire appel aux grands-parents pour assurer une aide logistique et un soutien au quotidien. Bref, la charge mentale explose de toute part, et la fatigue chronique avec. 

Maman faisant un bisou à son bébé lors d'une séance de massage bébé.

Un rappel essentiel : il n’y a pas de cases à cocher pour être un bon parent

Je le répète, il n’y a pas de case à cocher pour être un bon parent. Personnellement, je suis une adepte inconditionnelle du maternage proximal pour tout ce que cela apporte au développement de l’enfant. MAIS j’estime qu’il faut être attentif à ne pas tomber dans une logique sacrificielle, ou dans un épuisement physique et psychologique. Pour que nos bébés et enfants soient bien, pour qu’ils s’épanouissent pleinement, et pour qu’ils puissent retirer tous les bienfaits du maternage proximal, ils ont avant tout besoin de parents épanouis et en capacité de répondre à leurs besoins. 

Comme je l’ai dit plus haut, il est évident qu’il ne faut pas s’obliger à cumuler toutes les pratiques en maternage proximal si elles ne sont pas pour nous. Tout comme en parentalité, il n’est pas nécessaire de faire tous les jours des activités manuelles ou Montessori avec son enfant pour le stimuler, ou de faire l’école en forêt pour son bien-être. Il faut réussir à accepter nos limites et nos imperfections.  Le risque à vouloir tout faire, cocher toutes les cases, et être performant partout, c’est tout simplement de ne pas réussir. Et la conséquence de cela, c’est de perdre confiance en nous et en nos compétences parentales, et de culpabiliser à outrance. Alors qu’au final, on montre le meilleur exemple à nos enfants : celui d’écouter et de respecter nos limites, et de toujours faire au mieux pour eux, sans tomber dans le sacrifice de nous-même.

Et s’il n’y a pas de cases à cocher pour être un bon parent, cela vaut pour nous mais aussi pour les autres. Il ne faut pas non plus tomber dans le jugement de l’autre. Pour moi c’est très important de respecter les aspirations et souhaits profonds de chacun, leurs convictions, ainsi que le stade de cheminement où ils se trouvent. Les réseaux sociaux peuvent parfois avoir ce travers, de critiquer et de montrer du doigt, et il peut être très facile et rapide de tomber dans le jugement entre parents. Car la comparaison est facile, et le dénigrement aussi, face aux choix différents que chacun peut faire.

Lit cododo side-car

En résumé, il est essentiel de garder à l’esprit que le maternage proximal est bien plus qu’une série de pratiques listées : c’est une vision globale de la parentalité, qui gravite autour de la construction d’un lien d’attachement solide et sécure avec son enfant. Cette approche repose sur une proximité physique constante avec son bébé et une réponse rapide et adaptée à ses besoins fondamentaux, tant sur le plan physique que psychologique. Ces choix de maternage permettent de tisser un lien d’attachement fort, offrant à l’enfant une base affective solide et durable, et une confiance profonde envers ses parents. Cependant, dans nos sociétés contemporaines, il peut parfois être difficile de mettre en pratique l’ensemble des aspects du maternage proximal, compte tenu des nombreuses contraintes dans la vie de tous les jours, et du manque de soutien et d’accompagnement des parents  au quotidien. Il est donc important de se rappeler que chaque parent peut adapter ces différentes pratiques en fonction de sa propre situation et de ses propres valeurs. Et surtout, garder en tête que le maternage proximal n’est pas une course à la performance et qu’il n’y a pas de cases à cocher pour être un bon parent ! Il est important de prendre soin de soi et de sa santé mentale, pour ne pas tomber dans l’épuisement et le sacrifice. Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager ou à me faire un petit retour en commentaire !

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