Si vous êtes futur ou jeune parent, vous avez peut-être déjà entendu parler du fameux “maternage proximal”, sans trop savoir ce que c’est. Vous avez peut-être également entendu l’expression un peu péjorative des “hyper-mum”, ce “nouveau genre de mamans” (il n’y aurait que les mères ?) qui materneraient beaucoup plus leurs enfants que les générations précédentes, ou qui seraient trop fusionnelles. On peut parfois se sentir perdu en tant que jeune parent, face à toutes les informations qui circulent, et quelques fois ces injonctions autour de la parentalité. Nous qui cherchons à faire au mieux pour nos enfants, on peut parfois se sentir bousculé ou pris au piège entre les recommandations, la vision de la société, et nos propres bagages éducationnels. A l’heure des neurosciences et des découvertes scientifiques de ces dernières années sur le développement psychoaffectif de l’enfant, cette pratique du maternage proximal est de plus en plus mise en avant, voire réhabilitée pour certains, du fait qu’il permet la mise en place d’un lien d’attachement fort et durable. Mais le maternage proximal, qu’est-ce que c’est exactement ? Pourquoi c’est important ? Quelles sont les pratiques parentales qui entrent dans son champ d’action ? Dans cet article, je vous propose de tenter de vous éclairer avec une définition du maternage proximal, ainsi qu’une liste (non exhaustive) des pratiques communément admises comme relevant de ce type de parentalité. Prêts à en savoir plus ?
La définition du maternage proximal
Le maternage proximal peut se définir par opposition au maternage distal
Le maternage distal est celui qui est pratiqué et culturellement admis dans les sociétés occidentales, dites « modernes ». Et donc, c’est celui qui est prôné, ou en tout cas majoritairement pratiqué, en France et en Europe.
Le maternage distal est celui qui met une distance entre la mère et son nouveau-né, qui vise à une séparation précoce de la diade mère-enfant. On y retrouve d’ailleurs la vision de la psychanalyse. Son esprit est de vouloir instaurer une autonomie très tôt chez l’enfant et de libérer la mère du greffon que serait son bébé. C’est ainsi que nombreux accessoires ont été fabriqués pour pallier l’absence de sa mère à ses côtés et la remplacer, faisant le bonheur des magasins de puériculture et de leur marketing. (Parmi ces accessoires on retrouve par exemple le lit à barreaux, les balancelles qui permettent de bercer bébé toutes seules, les “porte-biberon” pour que le parent n’ait pas à tenir le biberon, etc).
Le maternage distal est une approche parentale qui met l’accent sur l’encouragement de l’indépendance de l’enfant dès le plus jeune âge. Contrairement au maternage proximal, le maternage distal ne prône pas la proximité physique constante entre le parent et l’enfant, et peut inclure des pratiques telles que laisser pleurer son bébé pour s’endormir, encourager le sommeil dans une chambre séparée, ne pas trop prendre son bébé dans les bras, apprendre la frustration à son enfant, le faire garder tôt et en collectivité pour le sociabiliser, etc.
Qu’est-ce que le maternage proximal ? Quel est son esprit ?
A l’inverse, le maternage proximal est une approche parentale axée sur le développement de liens affectifs étroits et de proximité physique entre le parent et l’enfant, en particulier pendant les premières années de vie de celui-ci. C’est une façon de s’occuper de son enfant en recherchant avant tout une proximité physique et affective avec lui, en tentant de répondre le plus rapidement possible et de la manière la plus adaptée qui soit à ses besoins physiques et psychiques (et notamment son besoin de sécurité affective).
Je précise aussi que lorsque le co-parent participe à la préservation de la diade mère-bébé (concept du mamatoto) et réalise au quotidien les pratiques associées au maternage proximal, alors on peut parler plus largement de parentage proximal.
L’esprit du maternage proximal est de chercher à créer un lien d’attachement fort avec l’enfant. On part du postulat que plus le bébé aura une base de sécurité affective forte, plus il sera attaché, et mieux il saura se détacher ensuite. Son autonomie future serait alors solide et acquise, et non induite ou forcée. Cela correspond à la théorie de l’attachement. C’est le type de maternage pratiqué dans la plus grande majorité du monde, à différents niveaux graduels toutefois.
Dans nos sociétés occidentales, même lorsqu’on le souhaite, pratiquer le maternage proximal n’est pas toujours évident. Notamment en raison des contraintes sociétales ou matérielles, qui vont induire de fait une séparation précoce avec l’enfant (par exemple le congé maternité très court et la reprise du travail très tôt par la mère). Sans compter le poids de l’opinion publique qui ne voit pas toujours ces pratiques d’un très bon œil. Car c’est encore le maternage distal qui prédomine en France.
Mais il commence à y avoir un retour des pratiques du maternage proximal, car certaines recherches scientifiques (notamment sur la théorie de l’attachement) démontrent que le maternage proximal a des bénéfices sur le développement émotionnel et social des enfants, en favorisant une relation parent-enfant plus étroite et en réduisant les niveaux de stress.
En résumé selon moi, le maternage proximal c’est avant tout un état d’esprit. Une volonté de proximité avec son bébé, et la recherche d’une réponse rapide et adaptée à ses besoins. (Cela rejoint également le concept du “care”, dont je vous parlerai à un autre moment).
Quelles sont les pratiques traditionnellement incluses dans le maternage proximal ?
Attention à la course à la performance
Tout d’abord, c’est très important pour moi de vous rappeler que, si le maternage proximal est avant tout un état d’esprit (une volonté de proximité avec son bébé et de réponse rapide et adaptée à ses besoins), il faut garder en tête qu’il n’y a pas de « package du maternage proximal ». Il n’y a pas de case à cocher, pas de liste exhaustive à suivre, et surtout pas de pression à se mettre. Par ailleurs, ce n’est pas la pratique ou non du maternage proximal qui va définir si on est ou non un mauvais parent et si on aime notre enfant.
C’est vraiment important de le préciser, car il ne faut pas faire une course à la performance. Il faut garder à l’esprit qu’à vouloir tout faire, surtout qu’en on n’en a pas les moyens, c’est aussi prendre le risque de mal faire, et de se faire du mal : s’épuiser, et affecter notre santé mentale. Or, si on est serein en tant que parent, heureux et bien dans nos baskets, alors notre enfant ira bien. La santé mentale des parents n’est vraiment pas à négliger. Il y a les théories et les concepts, mais également le principe de réalité !
Les pratiques traditionnellement incluses dans le maternage proximal
Ceci étant dit, voici une liste non exhaustive de quelques pratiques qui sont communément admises comme relevant du maternage proximal :
- Le peau à peau ;
- L’allaitement maternel (et particulièrement l’allaitement non écourté d’un bambin) ;
- Le cododo ou sommeil partagé (dans la même chambre ou le même lit) ;
- Le portage ;
- Le massage bébé (vous trouverez énormément d’informations sur mon site ou mes réseaux, et vous pouvez par exemple lire cet article sur les bienfaits du massage bébé, ou celui-ci sur comment créer un lien d’attachement solide grâce au massage bébé) ;
- La réponse rapide aux pleurs du bébé ou de l’enfant, pour tenter de répondre au besoin exprimé, et ne jamais le laisser pleurer ;
- Le contact visuel et le toucher, prendre régulièrement son enfant dans les bras ;
- La DME ou diversification autonome ;
- L’hygiène naturelle infantile (HNI) ;
- La motricité libre ;
- La communication gestuelle via la langue des signes (et éventuellement en plus la communication connectée) ;
- L’écoute active : l’écoute active implique de se concentrer sur ce que l’enfant dit et de répondre de manière attentive et réfléchie à ce qu’il exprime (on réfléchit en se mettant à sa place) ;
- Rester avec son enfant et ne pas le mettre à garder ;
- Dans une autre mesure, une naissance douce et respectée (et éventuellement un accouchement physiologique), c’est à dire pas de gestes invasifs et non nécessaires sur le nouveau-né, afin de ne pas entraver la mise en place du lien d’attachement dès les premiers instants de vie du bébé ;
- Bien souvent le maternage proximal va de paire avec le choix par la suite pour l’éducation de ses enfants de l’approche de la parentalité positive ou bienveillante ou d’un accompagnement respectueux de son enfant (selon le nom que vous lui donnez).
C’est une liste non exhaustive, la pratique du maternage proximal étant avant tout un état d’esprit comme je vous l’ai indiqué. Par ailleurs, cette longue liste peut faire peur. Je le répète, il n’y a pas de case à cocher pour être un bon parent. Personnellement, je suis une adepte du maternage proximal, mais je n’ai pas tout pratiqué avec mes enfants ! Il faut piocher parmi ce qui vous parle, ce qui correspond à votre vision, et aussi à ce qui répond à vos possibilité matérielles et environnementales (par exemple, l’allaitement d’un bambin ne conviendra pas à tout le monde, d’autres n’auront pas le choix financièrement ou auront envie de reprendre le travail et devront faire garder leur enfant, certains feront le choix des purées parce que la DME peut faire très peur, etc).
En conclusion, il faut garder en tête que le maternage proximal est avant tout un état d’esprit, sur la façon dont on veut élever son enfant et construire la relation avec lui. La philosophie qui guide cette pratique est la volonté d’une proximité physique avec son bébé, et la recherche d’une réponse rapide et adaptée à ses besoins physiques, psychiques et émotionnels. Cela permettra de créer un lien d’attachement fort avec son enfant, et de lui procurer une base affective solide, avec une grande confiance en son parent. Mais dans nos sociétés actuelles, il n’est pas toujours facile de mettre en œuvre tout ce qui pourrait relever du maternage proximal, tant la liste peut être longue. Est-ce que cet article vous a éclairé ? Est-ce que vous voyez d’autres pratiques relevant du maternage proximal que je n’aurais pas citées ? Et surtout, dites-moi en commentaire celles que vous avez pratiqué avec votre bébé, ça m’intéresse vraiment !