En tant que futurs ou jeunes parents, vous avez peut-être déjà entendu parler du concept du maternage proximal, dans la mesure où il est mis en avant par les dernières recherches en neurosciences affectives et sociales sur le développement de l’enfant. Cela suscite peut-être chez vous des interrogations sur l’impact que ce type de parentalité peut avoir sur l’enfant, car ce n’est finalement pas ce qui nous a été transmis par les générations précédentes. En effet, dans notre société actuelle le maternage distal est encore largement répandu, et est même majoritaire. Le maternage distal est une approche parentale qui met l’accent sur l’encouragement de l’indépendance de l’enfant dès le plus jeune âge, en mettant une distance entre la mère et son nouveau-né. Il vise à une séparation précoce de la diade mère-enfant, en recherchant l’autonomie précoce de celui-ci. En tant qu’accompagnante périnatale spécialisée dans le lien d’attachement parent/enfant, je suis souvent confrontée à des idées reçues au sujet du maternage proximal. Car certaines personnes craignent qu’en le pratiquant cela entrave l’autonomie future de l’enfant. Mais qu’en est-il réellement ? Dans cet article, je vais vous expliquer en quoi cette inquiétude est en réalité infondée, et pourquoi le maternage proximal est un mode d’éducation bénéfique pour le développement de l’enfant.
Pour en savoir plus sur la définition du maternage proximal, et les pratiques traditionnellement incluses dans ce mode de parentalité, vous pouvez lire cet article très complet.
Les critiques traditionnellement adressée au maternage proximal
Malgré les avantages reconnus du maternage proximal, cette pratique est souvent critiquée en France et dans certains autres pays occidentaux. Parmi les critiques les plus fréquentes, on entend souvent parler d’infantilisation de l’enfant, de surprotection, d’instauration d’une dépendance, voire parfois de maltraitance (oui oui, c’est assez hallucinant !). Ces critiques sont souvent liées à une méconnaissance de cette pratique et à une vision erronée de l’autonomie de l’enfant.
Infantilisation de l’enfant
L’une des critiques les plus courantes adressées au maternage proximal est celle de l’infantilisation de l’enfant. Certains craignent que le fait de porter constamment son enfant, de le nourrir à la demande et de répondre immédiatement à ses besoins ne favorise pas son développement cognitif. De fait, cela le maintiendrait dans une position infantile, il resterait “bébé” pendant trop longtemps.
Surprotection de l’enfant
Une autre critique souvent formulée est celle de la surprotection de l’enfant. Certains pensent que le fait de répondre constamment aux besoins de l’enfant ne le prépare pas à affronter le monde extérieur et le rendrait vulnérable. Il serait alors constamment en mode victime, à la mercie des enfants ou adultes peux sympathique ou scrupuleux, et ne serait pas préparé à la dureté de la vie. Notamment car il n’aurait pas appris la frustration.
Dépendance de l’enfant
Enfin, la critique majoritaire adressée au maternage proximal concerne l’entrave à l’autonomie de l’enfant, qui serait maintenu dans un état de dépendance. En effet, certains craignent que le maternage proximal ne crée une dépendance chez l’enfant vis-à-vis de ses parents (et principalement de sa mère, soyons honnêtes). Ils pensent que l’enfant deviendra incapable de se détacher de sa mère et de vivre sa vie de manière autonome. Qu’il aura besoin d’être assisté plus longtemps durant son enfance et son adolescence.
Ma réfutation rapide de ces critiques traditionnelles sur le maternage proximal
Toutes ces critiques montrent finalement une certaine méconnaissance du maternage proximal. Car les neurosciences affectives et sociales démontrent que le développement cognitif de l’enfant est favorisé par un lien d’attachement sécurisant. Les enfants qui ont bénéficié d’un maternage proximal ont ainsi une meilleure estime de soi, une plus grande capacité à gérer leurs émotions et à résoudre les problèmes.
Le maternage proximal ne consiste pas à surprotéger l’enfant, mais à être attentif à ses besoins. En répondant à ses besoins de manière adaptée, on lui permet de développer sa confiance en soi et de s’adapter aux différentes situations de manière plus sereine. Il n’y a donc pas de surprotection, ni d’infantilisation.
Concernant la crainte de créer un enfant dépendant, les neurosciences affectives et sociales montrent que le maternage proximal favorise au contraire l’autonomie de l’enfant. En répondant de manière adaptée à ses besoins, on permet à l’enfant de développer sa confiance en lui et de se construire une image positive de lui-même. Il devient ainsi plus à même en grandissant de s’éloigner de sa mère et de découvrir le monde qui l’entoure en se sentant en sécurité. Le maternage proximal n’est donc pas une entrave à l’autonomie future de l’enfant, mais bien au contraire un soutien essentiel pour le développement cognitif et affectif de celui-ci.
Pourquoi le maternage proximal n’est pas une entrave à l’autonomie ?
Contrairement aux idées reçues, le maternage proximal et le développement de l’autonomie ne sont absolument pas incompatibles, et le maternage proximal n’est en rien une entrave à l’autonomie. Bien au contraire ! Il faut savoir s’attacher pour mieux se détacher par la suite. En effet, une base affective solide et un attachement sécure sont les clés d’une véritable autonomie future.
Comment se construit l’autonomie ?
La vraie autonomie se construit et ne s’induit pas. Elle provient d’un élan intérieur de l’enfant, et non d’un élément externe qui viendrait la forcer. Il y a une différence entre être forcé de se débrouiller seul ou être véritablement autonome : c’est le sentiment d’insécurité ou de sécurité qui en découle. Un enfant sera véritablement autonome lorsqu’il disposera en lui des ressources nécessaires pour oser se confronter volontairement à l’environnement extérieur à son cocon. Il devient autonome quand il est prêt pour cela. Une autonomie forcée provoque un état de stress chez l’enfant, qui perdure dans le temps, et a des répercussions à l’âge adulte.
Maternage proximal et renforcement du lien d’attachement
Le lien d’attachement est essentiel pour le développement psychoaffectif de l’enfant. Il lui permet de se sentir en sécurité et de développer sa confiance en soi. De nombreuses études scientifiques ont montré que le maternage proximal favorise un attachement sécure entre l’enfant et son parent. Par exemple, une étude de 2019 menée par l’Université de Tel Aviv a montré que le contact peau à peau et l’allaitement maternel précoce ont un effet positif sur l’attachement de la mère à son bébé et sur le bien-être de la mère.
Le maternage proximal permet de répondre rapidement et efficacement aux besoins de l’enfant, ce qui a pour effet de réduire son stress et son anxiété. Les parents qui pratiquent le maternage proximal sont souvent accusés de surprotection, mais en réalité, ils permettent à leur enfant de se développer dans un environnement sécurisé et bienveillant. En se sentant aimé et en sécurité, l’enfant est plus susceptible de développer une confiance en lui solide, et de se sentir capable d’explorer le monde qui l’entoure et de prendre des risques pour apprendre. En revanche, un attachement insécurisé va avoir des effets négatifs sur l’autonomie future de l’enfant.
Découvrez comment la pratique du massage bébé peut aider à renforcer le lien d’attachement parent/enfant en lisant cet article.
Comment le maternage proximal favorise en réalité l’autonomie de l’enfant : l’éclairage des neurosciences
Le maternage proximal favorise l’autonomie de l’enfant à long terme. En répondant aux besoins de l’enfant dès la petite enfance, on lui apprend à avoir confiance en lui et à développer son autonomie de manière naturelle. Le maternage proximal permet également de renforcer le lien entre l’enfant et ses parents, en favorisant l’interaction et la communication. Des études scientifiques ont montré que les enfants élevés selon les principes du maternage proximal ont des niveaux de stress plus bas, un système immunitaire plus développé et une meilleure santé mentale.
Ainsi, une étude de 2011 publiée dans la revue Child Development a montré que les enfants qui ont été allaités et qui ont bénéficié de contacts physiques plus fréquents avec leur mère ont montré des niveaux plus élevés d’autonomie et de coopération à l’âge de 3 ans. De même, une étude de 2020 publiée dans la revue Pediatrics a révélé que les enfants qui ont été portés en écharpe pendant les premiers mois de leur vie ont montré des niveaux plus élevés de régulation émotionnelle, une compétence importante pour l’adaptation sociale et émotionnelle. Les neurosciences affectives et sociales montrent donc que le maternage proximal favorise au contraire l’autonomie de l’enfant.
Le maternage proximal permet de répondre aux besoins affectifs du bébé puis de l’enfant, ce qui lui donnera la confiance suffisante pour mieux se détacher et devenir autonome. Pour pouvoir se détacher, et être indépendant et autonome, il est d’abord important de savoir s’attacher. Materner son enfant c’est permettre la création d’un lien d’attachement fort, c’est remplir son réservoir affectif. C’est lui donner de l’assurance, de l’estime de soi, de la confiance en soi. C’est aussi permettre à l’enfant de savoir qu’en cas de sentiment d’insécurité, il pourra toujours compter sur son parent.
Alors il peut oser s’aventurer plus loin, tenter une nouvelle expérience, etc., parce qu’il aura toujours une base solide à laquelle revenir et sur laquelle il peut compter et s’appuyer en cas de problème. Il n’est pas sous stress. Lorsque les besoins de l’enfant sont satisfaits et qu’il est sécurisé, il est plus facile pour lui de se concentrer sur ses activités et de développer ses compétences. Son autonomie est alors réelle et acquise, et non induite ou imposée.
Pour conclure, si jamais c’est quelque chose qui vous inquiète, alors rassurez-vous, le maternage proximal ne va pas entraver l’autonomie future de votre enfant. Les neurosciences affectives et sociales montrent au contraire que le maternage proximal favorise au contraire l’autonomie de l’enfant. En répondant de manière adaptée à ses besoins, on permet à l’enfant de développer sa confiance en lui et de se construire une image positive de lui-même. Il est ainsi plus à même de s’éloigner de ses parents, et se sent suffisamment en sécurité pour aller explorer et découvrir le monde, grâce à une base affective solide et un attachement sécure. Dans la société actuelle nos intuitions parentales sont souvent fragiles et peuvent très vite être mises à mal, face aux critiques et aux incompréhensions de notre entourage ou des gens autour de nous. Si vous avez pratiqué (ou pratiquez en ce moment même) le maternage proximal, est-ce qu’il y a des remarques qui vous ont fait douter, notamment en rapport avec l’autonomie future de votre enfant ? Partagez-les moi en commentaire, je serai curieuse de les découvrir.